D’où vient ce terme à la consonance anglophone ? Tout simplement, d’un symbole sur votre
clavier d’ordinateur ! En effet, il s’agit de la fameuse barre oblique « / », que l’on nomme slash. En anglais,
to slash signifie « taillader », « couper ». Quel rapport avec le monde du travail, me direz-vous ? Depuis quelques années, ce symbole est utilisé par de nombreux travailleurs pour décrire leur vie professionnelle, notamment sur les réseaux sociaux. À tel point qu’en 2007, la sociologue américaine Marci Alboher leur a consacré un essai, intitulé
One Person / Multiple Career. C’est elle qui, la première, a employé ce mot de vocabulaire. Loin d’être anecdotique, celui-ci a rapidement été adopté pour désigner un véritable phénomène de société, et s’est répandu dans les différents milieux professionnels.
Qu’est-ce qu’un slasheur ?
Le mystère est résolu : l’expression désigne les gens qui décident de cumuler deux emplois, ou plus, leur permettant de générer des revenus. En effet, de nombreuses personnes se sont mises à exercer plusieurs jobs en même temps, souvent pour pouvoir associer un métier, pas toujours choisi, et une passion personnelle. C’est ainsi que vous pouvez croiser un médecin/photographe, ou un banquier/guitariste de jazz. Le terme englobe également les personnes préparant une reconversion professionnelle, et exerçant leur deuxième profession en parallèle, le temps que se fasse la transition. Sont aussi concernés les actifs souhaitant compléter leurs revenus, et ceux cumulant deux statuts professionnels différents (freelance/salarié, par exemple). Des profils variés donc, qui ont tous un point commun : celui d’avoir des activités moins standardisées, et de chercher à s’éloigner d’une profession uniforme, où règne la pression de la hiérarchie et des résultats.
Les slasheurs en milieu naturel
Dans une étude réalisée en 2015, on dénombrait 16 % de slasheurs en France, soit environ 4,5 millions de personnes. Un chiffre important, qui serait à mettre en lien direct avec la création du statut d’auto-entrepreneur en 2009. Pourtant, s’agit-il vraiment d’un phénomène récent ? Pas vraiment, quand on sait que cumuler plusieurs métiers était encore la norme au travail il y a quelques siècles. Néanmoins, l’apparition aujourd’hui d’un mot pour le nommer souligne l’importance qu’il a su prendre à notre époque. Il touche d'ailleurs toutes les générations. Eh oui, si vous pensiez à un jeune adulte ultra connecté de 25-35 ans, vous n’aviez pas complètement raison ! La Génération Y et les
digital natives sont effectivement concernés, mais les seniors sont également des slasheurs avertis. Retraités, ils profitent de nouvelles opportunités pour se créer un complément de revenu, ou pour rencontrer du monde. Bref, il n’y a pas d’âge pour aimer slasher !